Parenthèse confinée : Ludovic BUREL
L’une des vocations de la Cité des Électriciens est d’accompagner designers, comédiens, danseurs et autres disciplines artistiques dans leur processus de création.
En cette période de parenthèse imposée, nous avons choisi de les mettre de nouveau en lumière.
Ils évoquent leurs façons de vivre le confinement, leurs doutes mais surtout leurs envies et espoirs pour « l’après »…
Aujourd’hui, balade champêtre en compagnie de Ludovic BUREL, du collectif de designers culinaires KVM.
En résidence à la Cité avec Ju Hyun Lee, le duo interroge la place de l’art culinaire à travers des œuvres vivantes à planter, récolter, faire fermenter et déguster sans modération. Vous deviez les rencontrer lors des Rendez-vous aux jardins début juin... C'est finalement cet automne que vous les retrouverez pour la Foire de la fermentation.
- Ludovic, en cette période de confinement, t'est-il possible de poursuivre ton activité ? Raconte-nous…
Fraîchement rentré du Pérou pour rejoindre la Cité des Électriciens, je suis confiné depuis le 16 mars dans le sud de la France.
J’en profite pour étudier les plantes méditerranéennes que je connaissais mal jusque-là.
Je travaille en effet sur un projet au long cours consistant à suivre à la trace le botaniste russe Nikolaï Vavilov (1887-1943).
Ce dernier a identifié huit principaux centres d’origine des plantes cultivées : la Méditerranée est le cinquième « point chaud » (hotspot) de biodiveristé mondiale ; le Pérou le huitième ; etc.
Hier soir quand j’ai lu votre message, je rentrais tout juste d’une petite promenade pendant laquelle j’ai photographié et ramassé de l'ail rose (Allium roseum) ainsi que des muscaris à toupet (Leopoldia comosa) - dont les italiens de la région des Pouilles préparent le bulbe en pickles, dans du vinaigre !
Source : U Mast : la cuisine italienne à ma façon
- Quels sont tes projets, tes espoirs pour l’après ?
À court terme, j'ai hâte de pouvoir reprendre mon vélo pour aller chercher des asphodèles blancs (Asphodelus albus), aux tubercules comestibles, que j’ai déterrés et photographiés avant le confinement.
À plus long terme, lorsque les frontières rouvriront, je me rendrai en Éthiopie qui, dans la classification de Vavilov, est la septième région indépendante où différentes plantes ont été cultivées pour la première fois.
On trouve en Éthiopie — dont le nom ancien est l’Abyssinie, notamment connue pour avoir accueilli le poète, devenu marchand, Arthur Rimbaud — la guizotia d’Abyssinie (Guizotia abyssinica), l’euphorbe d’Abyssinie (Euphorbia abyssinica), l’arbre de corail d’Abyssinie (Erythrina abyssinica), etc.
Le caféier (Coffea arabica) est également originaire d’Éthiopie.
J’ai également hâte de goûter l’injera, une crêpe réalisée à partir d'une céréale locale que l'on fait fermenter, le teff (Eragrostis tef).
Source : Fooby
En quelques mots : une envie d'ailleurs...