Parenthèse confinée : Fred MARTIN
L’une des vocations de la Cité des Électriciens est d’accompagner designers, comédiens, danseurs et autres disciplines artistiques dans leur processus de création.
En cette période de parenthèse imposée, nous avons choisi de les mettre de nouveau en lumière.
Ils évoquent la façon dont ils ont vécu le confinement, leurs doutes mais surtout leurs envies et espoirs pour demain !
Rencontre avec Fred MARTIN, artiste plasticien et figure emblématique des spectacles de rue dans la région.
Nous l'avions accueilli en 2017 dans le cadre d'Odyssée, projet de construction participative, mené avec le collectif Lez’Arts Vers. Le résultat ? Plus de 400 masques moulés à partir des visages des participants, une impressionnante structure faite de métal et d'argile… et surtout 3 semaines intenses d’échanges et de partage.
- Pendant le confinement, vous a-t-il été possible de poursuivre votre activité ? Si oui racontez-nous…
Lors du confinement, j'ai eu la chance que l’un de mes projets pour le printemps et l'été 2020 ne soit ni annulé ni reporté à l’année prochaine.
En effet, je construis depuis plus de 50 jours 4 sculptures monumentales en branches de saule intitulées Inanimatum, représentant un œil, une bouche, une oreille et un nez géants, destinées à être installées le long d'un parcours dans le parc Mosaïc à Houplin Ancoisne.
Il m'a donc été possible de continuer mon activité artistique et même de prendre plus de temps que prévu pour la réalisation. Ainsi je peux finaliser au mieux chaque pièce.
Projet Inanimatum pour le parc Mosaïc d'Houplin Ancoisne
En tant qu'artiste, j'ai à plusieurs reprises cherché à m'isoler pour me consacrer essentiellement à ma création : un projet d'isolement dans une grotte pendant un mois (grotte se trouvant sur le territoire de Loos, ville où j'ai grandi), qui n’a hélas pu aboutir faute de subvention.
J'ai toutefois pu mener, il y a quelques années, un autre projet d'isolement. Dans le cadre d'une résidence, j'ai passé un moins enfermé dans une des cellules d'un centre pénitentiaire vide à Hoorn en Hollande...
Alors bien sûr j'estime que l'isolement peut être bénéfique à la création, en revanche le fait d'être isolé malgré nous par obligation et non par choix peut changer la donne.
En réalité, cette période de confinement modifie peu ma pratique et ma manière de travailler. Le seul hic : ne pas pouvoir être dans la nature afin d'y chercher l'inspiration et d'y exercer mon art.
Je continue comme d'habitude à partager sur les réseaux sociaux l'évolution de mes réalisations.
J'ai également saisi l'occasion pour partager, avec mes milliers d’amis sur Facebook, de courtes vidéos tirées de mes voyages à travers le monde (c'est ici !).
Récit de voyage | Photo : Fred Martin
À l'atelier, afin de faire des pauses constructives entre les réalisations, mon assistant et moi avons installé une table de ping-pong, ce qui nous a permis de nous défouler et de faire un peu de sport dans ce vaste espace privilégié.
Et puis j’en ai profité pour relire ma collection du magazine "La hulotte", une revue naturaliste alliant humour et rigueur scientifique. Une collection que j'ai d’ailleurs passée à ma fille…
- Quels sont vos projets, envies, espoirs pour demain ?
Dans un premier temps, j'espère que certains de mes projets pourront se maintenir, en particulier celui que vous avez eu la chance de vivre, L'Odyssée, dont deux dates (en Bretagne et à Londres) ont été reportées à la rentrée. L'aspect délicat de ce projet en cette période de distanciation sociale et d'aseptisation globale se trouve dans les performances de baptêmes de terre. Plonger la tête du public dans le même bain de boue ! Nous sera-t-il possible de poursuivre ce projet ? Je l'espère…
Baptême de terre à la Cité des Electriciens
Depuis 20 ans, je privilégie les projets à l'étranger dans ma pratique artistique. J'espère de tout cœur qu'il me sera possible de continuer à parcourir le monde afin de partager mon regard, mes œuvres et continuer à transmettre mes techniques.
Nid du guêpier pour le parc Pairi Daiza en Belgique